vendredi 13 janvier 2006

A cheval sur le dada (isme)

Mais qu'est-ce qui se passe avec dada, le dada, le dadaïsme. On ne parle que de ça, que ce mot à la bouche, dada, dada. Une jeune fille dans un café parlant très haut : "ce soir on fait une soirée dada". L'explication suit : "une soirée où chacun apporte quelque chose de spèce à manger". On les célèbre, on les célèbre ces dadaïstes, mais personne ne semble savoir ce que l'on célèbre. L'expo à Beaubourg n'a servi qu'à une chose en réalité : démontrer que le dadaïsme n'a jamais été un mouvement artistique, autre que littéraire (et peut-on vraiment parler de mouvement , n'est-ce pas précisément un anti-mouvement ?). Avouons qu'il est bien délicat d'exposer des livres, ceux-ci se caractérisant précisément par ce qui ne peut être montré, ce qui se dérobe à l'oeil, ce que projette l'écriture sur les écrans invisibles de la pensée. Mais Beaubourg ne semble pas être de cet avis, ces derniers temps, et expose (par manque de subventions ?) beaucoup de livres, souvent choisis assez arbitrairement (de Catherine Millet à Jacques Roubaud). Arrêtez ! Arrêtez d'utiliser ce mot ! Dada vous démange la bouche ! Ecoutez ce que vous dites ! Arrêtez de parler sans savoir ce que vos bouches prononcent !

jeudi 5 janvier 2006

Dog star man

S. Brakhage. Dog star man. Le mouvement, toujours le mouvement, défilement rapide de couleurs, blanc, rouge, craquèlements de pellicule faisant comme des sortes de cellules microscopées. Si les plans du cinéaste barbu avançant dans la neige avec de petites bottines inappropriées m'ennuient plutôt, par contre, m'apparaissent très réussis les moments d'indiscernabilité de l'objet filmé. A force d'enchaîner les plans représentant corps de femme, ou volcans, ou roches, ou animal écorché au coeur encore battant, on ne sait plus ce que l'on voit : un sexe de femme , un volcan ? Est-ce du petit agrandi, ou du très grand qui parait petit ? Est-ce que c'est pas ce que l'on peut attendre du cinéma : de désapprendre à voir ?
Cela me semble proche de ce que fait Faulkner, dans le récit : le défilement de points de vue crée une indiscernabilité du sujet de la parole.

mardi 3 janvier 2006

Messe pour le temps présent

J'aime ce titre de Pierre Henry et de Michel Colombier, en ce qu'il oppose la messe qui célèbre toujours le futur, le futur apprécié par l'Eglise étant d'abord après la mort (celle du Voyage de P. Henry, de 1967, réalisé d'après le livre des morts tibétain), et cette messe nouvelle, qui se fout du futur post mortem, et célèbre les divers volumes du présent.