J'oubliais de vous dire

J'oubliais de vous dire qu' "Ecrivains en séries" est paru chez Léo Scheer dans la collection Laureli dirigée par Laure Limongi. Cet ouvrage collectif, auquel j'ai participé, propose une centaine de lectures par des écrivains de divers horizons (Philippe Forest, Hélène Frappat, Claro, Mathias Enard etc.) de séries télés, récentes ou moins récentes. http://bibliobs.nouvelobs.com/20101015/21901/la-litterature-se-shoote-aux-series

Après avoir vu ce film sur la perte, je me devais de me perdre dans le quartier du cinéma.

Vieillissement précoce

J'ai à peine découvert cette actrice qu'elle a déjà cinquante ans.

Méchant

Quand je serai vieux, je serai très méchant. On ne m'écoutera pas car je serai vieux, plus vieux encore. Déjà, ça m'arrive, on me regarde et on ne m'écoute pas. Plus vieux, ce sera pire. Le pire c'est que les vieux s'habituent à ne pas être écoutés, ils s'y résignent. Moi quand on ne m'écoutera pas, je ne me contenterai pas de grogner, j'attaquerai.

La loi des séries

Pour l'automne, un splash de séries chez Laureli : www.leoscheer.com/spip?page=ecrivains-en-series. Tandis que les Cahiers du cinéma consacrent un dossier du numéro de l'été à la fiction sérielle, de Mad Men à The Wire.

Programme

Déchirer systématiquement le début de chaque livre.

Fidélité

Avant son divorce,Madame M. exposait dans son bureau une photo de son mari en fond d'écran. Depuis, elle lui a substitué une image de son chien.

Enfance

Mon enfance était une ouverture incessante des boîtes disposées dans les appartements que je connaissais, chaque boîte m'apparaissant comme un portail miniature sur l'extraordinaire savoir des adultes ; ces coffrets mystérieux, décorés de dorures, de nacre ou de couleurs trop vives me promettaient de grandes découvertes. Mais lorsque je les ouvrais, je n'y trouvais que la déception d'une navrante vacuité, ou pire, d'un trésor dérisoire.

Les choix obscurs de l'éditeur de fiction

Voilà des écrivains, des "auteurs", dit-on dans le jargon de l'édition, réunis autour d'un verre. Tous ont tenté d'envoyer leurs manuscrits chez un éditeur réputé pour éditer plutôt de la littérature, ce qui n'est pas si fréquent pour un éditeur de fiction. L'éditeur leur a écrit à chacun une longue lettre enthousiaste et personnelle. Livre libre pour l'un, fascinant pour l'autre, drôle enfin pour un troisième. Il est subjugué par ces manuscrits, mais il a décidé de ne pas publier ces livres extraordinaires, pour la seule raison qu'il n'en comprend pas le projet ; comme si un livre était nécessairement le fruit d'une idée, d'un concept.

Poésie universelle

« La Tour Eiffel la nuit est comme une flamme ou une torche dans l’obscurité », me dit-il, lui qui dispose d’une vue sur le monument illuminé. Il me demande si cette métaphore est poétique, si elle est digne d’être écrite. Mais je suis bien incapable de l’éclairer sur la poésie de sa Tour Eiffel-torche.

Barrer

Il y a quelques années, ce jeune écrivain rock'n roll me disait : "un écrivain, c'est ça, c'est savoir barrer. Un écrivain est quelqu'un de totalement barré. Il faut être barré sinon on n'est pas écrivain". Pour lui mon livre était barré (et c'était à son avis un sacré atout) mais nécessitait encore que je barre. Depuis, ce jeune écrivain rock'n roll s'est barré de la scène de la poésie rock'n roll.

Mouvement réactionnaire

C’est une ville de sourds, mais de sourds qui ignorent leur surdité, que nous réservent les bibliothèques de musique portatives.

Un week end réussi

Ce couple de médecins estime qu’un week end est réussi dès lors qu’ils en reviennent aussi cramoisis qu’un gaspacho industriel. Il n’est pas nécessaire de le dire, leurs visages rubiconds s’exclament pour eux : « quel week end splendide ! quel magnifique week end ! ».

Baignoires

N'avez vous jamais remarqué que les baignoires, exposées dans un grand magasin, ressemblent à des cercueils alignés, attendant d'être remplis par un corps ou un autre ?

Vous êtes un écrivain

L'éditeur, pas si vieux que cela, est enfoncé dans la chaise qu'il usurpe. Parmi d'autres choses, il dit que je suis un écrivain, il pense que je vais continuer à écrire, même s'il arrête de me publier. Comment ce petit type fade, sans charisme, sans courage, et sans aucune connaissance de la littérature aurait-il le pouvoir de me reconnaître ou de me dénier la qualité d'écrivain ? Comment peut-il croire que le fait d'écrire ou pas dépend de l'aval de la maison d'édition dont seul un concours de circonstances lui a donné la direction ?